Médecine blanche pour Crazy Horse - Dan O'Brien

Alors que la grande guerre sioux de 1876 fait rage, le docteur Valentine McGillycuddy rencontre une légende de l'Ouest, Crazy Horse. L'homme de science blanc va tout faire pour sauver la vie du grand chef indien, victime d'une tentative de meurtre. 


La lecture

C'est tout un art de rédiger un bon résumé de quatrième de couverture... Celui-ci m'avait donné envie de lire ce livre, mais au final, je me rends compte qu'il ne correspond pas vraiment à l'histoire. Cela ne m'a pas trop dérangée dans ce cas, car le récit m'a beaucoup plu dans l'ensemble. Mais il peut créer une certaine attente quant au ton et au contenu qui ne sera pas forcément comblée pour tout le monde.
Je m'attendais donc au départ à un roman intimiste décrivant la relation entre les deux hommes de cultures différentes et vraiment centrée sur les dernières heures de Crazy Horse.
J'y ai bien retrouvé le côté intimiste, mais plus du point de vue du chirurgien qui replonge dans ses souvenirs. Au crépuscule de sa longue vie, à l'aube de la seconde guerre mondiale, il nous partage sa nostalgie et sa mélancolie d'un monde révolu. Il décrit avec une affection touchante les paysages des Grandes plaines, paysages complètement transformés par l'inéluctable marche du progrès et de la colonisation blanche.
Valentine nous transporte également dans ses souvenirs militaires, souvent très difficiles à concevoir tant leur horreur nous parait inconcevable.
L'un dans l'autre, la partie consacrée aux derniers instants de Crazy Horse est assez courte, mais néanmoins très intense et émouvante. On sent toute l'affection que le chirurgien éprouve pour son patient et le dilemne à la fois médical et personnel auquel il va être confronté.
A noter que les personnages et événements sont bien réels, hormis la fin avec laquelle l'auteur a pris une certaine liberté.
Si comme moi vous êtes passionnés par l'Ouest américain du 19ème siècle ou que vous aimez les récits à tendance naturaliste, ce livre pourrait vous plaire.

Extrait

Après avoir marché sur le champ de bataille en imaginant ce qui avait dû s'y passer, je tournai à nouveau mes yeux vers l'est - là où les incendies ravageaient les prairies pour stopper les colonnes qui cherchaient à poursuivre les assassins de Custer. Des centaines de milliers d'acres se consumaient jusqu'au Black Hills, qui s'élevaient à deux ou trois cents kilomètres de là. Les Sioux transformaient en désert le pays pour lequel ils se battaient. Un frisson me transperça comme une flèche, car j'avais fini par considérer comme mon pays ce désert qui se propageait avec les flammes et j'étais presque pétrifié de peur.
Crook devrait pourchasser ces Indiens et je ne voulais pas le suivre. A présent, bien des années plus tard, je sais que c'était Crazy Horse qui précédait ce mur de feu. Si nous l'avions su à l'époque, notre peur se serait muée en terreur et il y aurait eu peut-être une mutinerie générale.
Même si nous l'ignorions, il y avait des lâches qui n'arrivaient pas à cacher leurs galons. Et des soldats qui s'effondraient, brisés par l'émotion.

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