Le mystère d'Edwin Drood - Charles Dickens

Qu'est devenu Edwin, disparu la veille de Noël ? Le jeune homme devait épouser Rosa, pensionnaire dans un orphelinat. L'enquête est menée par son oncle, le débonnaire John Jasper, chef des choeurs de la cathédrale. Mais l'homme n'est pas au-dessus de tout soupçon : non seulement il est un habitué des fumeries d'opium... mais il était secrètement épris de Rosa ! Il parvient cependant à détourner les soupçons en direction d'un certain Neville et de sa soeur jumelle... Le premier « roman à sensation » de Dickens (1870) est aussi son dernier : l'écrivain meurt en emportant le secret du dénouement. Edwin a-t-il été enlevé ? A-t-il simulé sa propre disparition ? S'il est mort, qui l'a tué ? Cette édition apporte une solution convaincante à une fascinante énigme littéraire.


La lecture

 Pour commencer Dickens, commencez par la fin ! (en réalité, c'est mon troisième de cet auteur).
Pourquoi ce style bien particulier, plutôt désuet il faut l'avouer, m'a t'il tant plu ?
Peut-être justement parce que c'est un style bien reconnaissable. Et ça fait énormément de bien en littérature où tout tend à se lisser, à devenir impersonnel. Tout le monde suit les mêmes méthodes et conseils d'écriture, et finit donc par écrire pareil. D'autant plus que les méthodes sont le plus souvent américaines et lorgnent pas mal du côté d'Hollywood. Il "faut" écrire de manière cinématographique pour plaire, pour ne pas perdre le public gavé aux séries et habitué aux codes visuels. (je trouve personnellement que ça se ressent très fort en fantasy. Et pour l'instant je n'arrive d'ailleurs plus à lire ce genre).
Dickens faisait du Dickens, et voilà ! Et il n'y a pas que lui...Mr Paul Kinnet a aussi fait du Dickens. En effet, ce roman d'un genre nouveau pour l'époque était resté inachevé. Dickens s'est arrêté en plein chapitre pour aller souper, se disant qu'il continuerait le lendemain. Le lendemain, il était décédé. (Leçon de procrastination, les amis !). Et le meurtrier d'Edwin Drood n'était toujours pas démasqué !
Pour un roman d'enquête, c'était quand même bien frustrant. Et nombreux d'y aller de leurs théories, sans jamais oser les écrire. Jusqu'à ce qu'un traducteur belge (cocorico !) propose en 1956 de terminer le roman avec une solution la plus plausible sur base des indices laissés dans le roman.
Tout en respectant le style d'écriture de Dickens. Un bel exercice brillament mené. Justice sera donc faite à Cloisterham !
Evidemment, c'est mon personnage préféré qui a fait le coup. Je n'y peux rien si les méchants sont bien plus attachants dans leur complexité.
Et maintenant, connaissant le récit et son contexte, je m'attaque à Drood de Dan Simmons.
Pour l'anecdote, le personnage me poursuit déjà aussi : je regarde un épisode de Jonathan Creek. Et le nom d'un group de rock fictif est...Edwin Drood !

En bonus, un lien sympa du Charles Dickens Museum qui explique comment lire Dickens : A Millennial's Guide to Reading Dickens (If you're struggling)

 L'extrait

"Ce rassemblement fut soudain bousculé et dispersé par la main de Mr Jasper. Tous les regards levés vers la tour s'abaissèrent vers lui lorsqu'il cria à haute voix vers Mr Crisparkle, qui venait d'apparaitre à une fenêtre ouverte :

- Où est mon neveu ?

- Il n'est pas venu ici. N'est-il pas chez vous ?

- Non, il est descendu vers la rivière la nuit dernière, avec Mr Neville, pour aller admirer la tempête, et n'est pas rentré. Appelez Mr Neville !

- Il est parti tôt ce matin.

- Tôt ce matin ? Laissez-moi entrer ! Laissez-moi entrer !

Plus personne, maintenant, ne regardait la tour. Tous les yeux étaient fixés sur Mr Jasper, pâle, à peine habillé, tremblant, qui s'agrippait à la balustrade devant la maison du chanoine mineur."


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