Dans les eaux du Grand Nord, Ian McGuire

Patrick Sumner, un ancien chirurgien de l'armée britannique trainant une mauvaise réputation, n'a pas de meilleure option que d'embarquer sur le Volunteer, un baleinier du Yorkshire en route pour les eaux riches du Grand Nord. Mais alors qu'il espère trouver du répit à bord, un garçon de cabine est découvert brutalement assassiné. Pris au piège dans le ventre du navire, Sumner rencontre le mal à l'état pur en la personne d'Henry Drax, un harponneur brutal et sanguinaire. Tandis que les véritables objectifs de l'expédition se dévoilent, la confrontation entre les deux hommes se jouera dans les ténèbres et le gel de l'hiver arctique.

La lecture

Autant vous le dire tout de suite, ce résumé est un peu trompeur. En le lisant, je m'attendais plutôt à un genre de thriller-chasse à l'homme, mais je trouve qu'on est assez loin de ça.
C'est bien plus subtil et, en conséquent, cela m'a encore plus plu.
J'ai lu ce roman en pleine déprime hivernale, en parallèle de Terreur de Dan Simmons, histoire de soigner le mal par le mal. Celui-ci est plus court et plus rythmé. Pour autant, ce n'est pas une ambiance "nuits de folie à Ibiza" et pour cause. C'est noir, sans bons sentiments. Il n'y a pas de romance (youhouuu !), pas de camaraderie, pas de quête initiatique, pas de joli côté naturaliste, pas de rédemption au bout du chemin. C'est rude, amer et froid. Et c'est surtout captivant !
On pourrait croire en effet que, sans tous ces éléments, le récit paraitrait aussi plat et ennuyeux qu'un bout de banquise. Mais rassurez-vous, il se passe des choses et ce "nihilisme" est tout à fait cohérent par rapport à l'histoire et à l'ambiance dont l'auteur a voulu imprégner son roman.
Comme petite critique, je pourrais simplement souligner que, pour moi, le personnage de Drax aurait pu être encore plus horrible. Mais on aurait du coup peut-être débordé sur de la caricature.
Contrairement à ce que laisse présager le résumé, l'opposition entre les deux hommes, Drax et Sumner, n'est pas omniprésente et ne constitue pas à mes yeux le coeur de l'intrigue. On n'a pas de jeu du chat et la souris. Finalement, chacun est aux prises avec lui-même et les éléments naturels.
Petit détail : il est intéressant de noter que le langage est souvent cru, mais sans jamais être vulgaire. On est à bord d'un baleinier au XIXè siècle, pas dans une expo d'art minimaliste.
Pour conclure, je dirais que ce roman mériterait une adaptation cinématographique.

Update : Une série est effectivement sortie :) (mais je ne l'ai pas trop appréciée pour ma part) : https://www.senscritique.com/serie/the_north_water/39219698


L'extrait

- Qu'entendez-vous par là, Drax ? lui demande Brownlee. Nous sommes tous ici des hommes honorables, je pense, ou du moins assez honorables pour exercer un métier qui n'est pas très propre, comme vous le savez.

- Je pense que le chirurgien m'a compris. (Drax est maintenant entièrement nu : membres épais, poings serrés, insolent. Son visage est basané et ses mains sont noircies par le labeur, mais le reste de sa peau, là où elle est visible sous les poils noirs emmêlés et sous la panoplie de tatouages primitifs, est d'un blanc rosé comme la peau d'un bébé.) Lui et moi, on est des vieux copains, après tout. Je l'ai aidé à retrouver la route de sa cabine après la fameuse nuit à Lerwick. Vous devez pas vous en rappeler, Mr Sumner, vu que vous étiez complètement endormi à ce moment-là, mais moi et Cavendish on a bien vérifié partout avant de partir, pour être sûrs que toutes vos affaires étaient bien à leur place comme elles devaient être. Il manquait rien, tout était en ordre.

Sumner dévisage Drax et  comprend instantanément. Ils ont fouillé sa malle, lu les documents liés à son renvoi de l'armée, vu la bague rapportée de Delhi.



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Quand l'automne triomphera de la nuit - Sidarel

La grande puanteur - Cetro

L'arbre généreux, Shel Silverstein