Les chevaliers - T.1, Thibaut ou la croix perdue, Juliette Benzoni

En dépit de ses origines bâtardes, le jeune Thibaut de Courtenay ne doute pas de sa bonne étoile : il est l'ami et l'écuyer en titre du prince héritier Baudouin IV. Jamais la cour de Jérusalem n'avait connu un personnage royal d'une telle noblesse ! Dès le début de son règne, en 1176, le peuple entier l'aime et le vénère comme un saint. Seul son génie est capable de tenir en échec les furieux assauts de l'armée de Saladin contre les terres chrétiennes. Hélas, une lèpre ronge le corps de Baudouin depuis qu'il a neuf ans ; il dépérit et partage en secret son pouvoir avec Thibaut. Mais qu'arrivera-t-il si le fidèle compagnon est fait prisonnier par l'ennemi et que le fragile roi se retrouve seul à protéger Jérusalem et tous les saints trésors qu'elle abrite ?

(d'après la 4ème de couverterure - où il y avait une faute dans mon édition. Corrigée ici)

 
La lecture

Ce pauvre livre aura souffert...Il m'a accompagné en voyage et a participé à un atterrissage en avion un peu "compliqué". J'en ai même déchiré une page, bien involontairement. Du coup, au vol suivant, pour ne pas penser au pire, je me suis abandonnée à ce récit.
Je ne pense pas que j'aurais pu le finir aussi rapidement sinon. Ce n'est en effet pas toujours un roman facile à lire car beaucoup de protagonistes interviennent tout au long de celui-ci.
Il est ponctué de passages descriptifs qui sont indispensables, je pense, pour comprendre le contexte ou l'historique de certains faits, ainsi que les motivations des personnages réels qui y sont impliqués.
Les repères généalogiques alourdissent certes parfois les dialogues, mais pour le reste, c'est vraiment l'occasion d'en apprendre plus sur les croisades (la 3ème en l'occurrence) sans forcément devoir ouvrir un livre d'Histoire.
Et il faut le souligner : les événements et les personnages sont remarquablement rendus. On sent bien la recherche historique qui a été faite en amont.
La plume de Juliette Benzoni est très fluide et agréable. On a l'impression de se retrouver sous le soleil brûlant de la Ville Sainte ou dans la fraicheur d'un palais.
C'est une vraie petite capsule temporelle.

Je ne sais pas pourquoi, mais je m'attendais plutôt à un roman à l'eau de rose et j'ai donc été agréablement surprise que le côté historique prime avant tout. Même s'il faut reconnaitre que les plus beaux passages sont ceux qui laissent la place à la romance, qu'elle soit faite toute de tendresse et de pudeur ou, au contraire, de violence et de passion.
Il s'agit d'un récit encadré où l'on suit Thibaut, le meilleur ami et confident du jeune roi Baudouin IV, qui va traverser les épreuves et les intrigues politiques du royaume de Jérusalem, jusqu'à être amené à cacher la Sainte Croix. Ce sera le point de départ du tome suivant.
J'ai été touchée par le fait que le livre soit dédicacé à Baudouin. Juliette Benzoni semble avoir été aussi fascinée que moi par ce jeune roi, tristement condamné par la lèpre, qui règne sur ce royaume dévoré par les intrigues politiques, communautaires ou individuelles.
En fait, pourquoi se pâmer devant Game of thrones ? La réalité historique est parfois bien pire que la fiction.
Bref, si vous vous êtes passionné(e) pour les personnages et événements du film Kingdom of Heaven, vous les retrouverez ici dans toute leur richesse et leur complexité.


L'extrait
- Tu vas trouver ici de grands changements. Certains sont franchement déplorables sinon détestables, mais...celui-là pourrait bien être une sorte de dictame voulu par Dieu par l'intercession de Notre-Dame.
En effet, la scène révélée par la porte ouverte sous la main d'un serviteur avait une grâce inattendue, quelque chose d'irréel, encore renforcé par la légère fumée odorante dispersée par une cassolette de myrrhe posée sur le sol. La tête voilée, renversée sur le dossier du haut fauteuil où il se tenait assis dans sa blanche robe monastique, ses mains gantées abandonnées sur ses genoux, l'ombre blanche de Baudouin contrastait joliment avec la forme gracieuse de la musicienne vêtue d'un joyeux satin rouge clair, qui se tenait assise sur un coussin voisin de celui où reposaient les pieds bandés du lépreux. L'image était étrange mais belle, et rayonnait de tout l'amour qu'Ariane faisait passer dans sa voix, dans ses yeux...Elle était aux pieds de cet homme en voie de destruction comme Madeleine au pied de la Croix : la misère du corps disparaissait sous l'éblouissante lumière d'un souvenir qui la rendait aveugle.

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