Le valet de Sade, Nikolaj Frobenius

Au XVIIIe siècle, un enfant au regard terrifiant naît à Honfleur. Il se nomme Latour et révèle, en grandissant, une totale insensibilité à la douleur. Après une formation chez un taxidermiste, il quitte la Normandie pour Paris où commence vraiment son aventure.
Obsédé par son infirmité, Latour devient meurtrier ; il tue et dissèque dans l’espoir de percer le mystère de la douleur. Un jour, pourtant, sa vie bascule : il entre au service du marquis de Sade et devient son valet, son complice, jusqu’à la mort.

La lecture

J’avais commencé ce roman pleine d’entrain et de curiosité, me réjouissant déjà de retrouver mon divin marquis dans de nouvelles aventures rocambolesques.
Contrairement à ma précédente lecture, Les sept vies du marquis de Sade, celui-ci m’a fortement déçue.
Premier point, le cher Donatien Alfonse, n’y fait qu’une apparition tardive pour y occuper, somme toute, qu’une place bien secondaire. Je n’ai par ailleurs pas trop accroché à la façon dont il était mis en scène.
En fait, comme le titre le promet, l’histoire se concentre sur Latour, futur valet de Sade. Mais cette occupation arrive bien tardivement dans le roman et nous laisse le temps de suivre l’inquiétant personnage qu’est Latour depuis sa naissance (même un peu avant).


Ce roman m’a vraiment fait penser au Parfum (que je n’avais d’ailleurs pas aimé à l’époque où je l’ai lu. C’est peut-être pour ça). Tel Grenouille qui tue pour assouvir son obsession des odeurs, Latour va lui partir en quête de la souffrance et de ses expressions les plus sophistiquées, lui qui ne ressent pas la douleur.
L’écriture alterne entre narrateur à la 3ème personne et point de vue de Latour. Malgré cette dernière, on (je) n’arrive pas à m’attacher, ou du moins m’intéresser à ce personnage. Très vite, il m’a juste agacée et j’aurais bien voulu qu’on en finisse avec lui (au propre ou au figuré).
Le personnage de sa mère, pourtant tout aussi détestable, me fascinait beaucoup plus.
D’autre part, j’ai un peu eu l’impression que l’histoire de vengeance qui sert de prétexte au voyage de Latour finissait par être reléguée au second plan. Même si je pense que ce n’était pas le point focal principal de ce récit, cela aurait peut-être permis de le dynamiser un peu plus ou de rester accrochée au personnage plus facilement.

Les récits psychologiques ne me gênent absolument pas, mais ici, malgré le passage à la 1ere personne de temps à autre, je n’arrivais pas à me mettre dans la tête de ce personnage; la distance reste, voire l’indifférence dans mon cas. Ce n’était même pas de la répugnance. Il ne m’intéressait tout simplement plus.

L'extrait
Il éprouvait une sensation particulière de puissance et de bien-être chaque fois qu'il tenait une petite bête dans ses mains, se demandant ce qu'il allait pouvoir faire d'elle. Elle était là devant lui, paralysée. Dans une sérénité profonde, immobile, Latour sentait parfaitement la diffusion de la souffrance dans le corps de l'animal. Un fourmillement glacial sur la poitrine. Une sensation de vide dans la tête. Un tiraillement violent de l'estomac. Comme un étourdissement, pensait Latour. Quelque chose qui ressemble à l'ivresse. Il en venait à se dire qu'il opérait une soirte de délivrance. Quand l'animal avait fini par mourir, il fermait les yeux. Il éprouvait alors un bref sentiment de tristesse. Et puis il était soulagé.

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