Le Maudit, Myrielle Marc

Une histoire d'amitié exceptionnelle, qui aborde les thèmes intemporels de la rencontre du Bien et du Mal, de l'exercice de la justice, de l'inévitable affrontement entre le devoir et la compassion. Une île du Nord, lointaine, peut-être imaginaire. Un très jeune homme au visage d'ange et au regard glacé est amené au château de Louvars pour y être emprisonné à vie. Parce qu'il a tué son père, il est condamné à subir la torture d'un effroyable bracelet qui broie de douleur celui qui le porte. On l'appelle le Maudit. Il n'a que dix-neuf ans. Témoin quotidien du courage, des silences, de la souffrance du Maudit, le seigneur Emmanuel de Louvars s'intéresse à lui. Un sentiment fraternel semble naître entre les deux hommes. Bientôt, un doute et des questions s'installent. Le Maudit a-t-il vraiment mérité cela ? Le Bien est-il toujours le Bien quand il châtie le Mal ?

La lecture

Voici l’un de mes romans coup de coeur, déniché complètement par hasard dans un rayon d’une bouquinerie d’occasion voilà des années.
Je ne connaissais pas l’auteure. C’est le titre qui a attiré mon regard. Comme quoi, le hasard permet souvent de belles rencontres inattendues.
Je pense que c’est, à ce jour, le seul livre que j’ai relu une seconde fois.
J’avais peur, après sans doute plus de 10 ans, de ne plus comprendre pourquoi j’avais tant aimé ce roman. Et pourtant, j’ai ressenti la même émotion qu’en le lisant pour la première fois. Il a vraiment une place à part dans mon coeur.

Il faut savoir que c’est un roman qu’elle a écrit assez jeune (17 ans), suite au départ de son père.
La beauté de ce récit réside dans la trame épurée, sans doute un peu prévisible certes, mais qui laisse la part belle aux deux personnages principaux et leur histoire d’amitié qui se construit au fil des pages, souvent dans la douleur.
Je me souviens l’avoir passé à ma maman en m’excusant presque “C’est très beau, mais je te préviens, il ne se passe pas grand chose”. Et elle me l’avait rendu en disant “Tu trouves qu’il ne se passe pas grand chose ? Au contraire, il s’en passe beaucoup !”
Et effectivement, dans ce quasi huis-clos, on est au plus proche des personnages, on vit vraiment avec eux. Les événements sont là pour montrer l’évolution de leur relation; ils ne sont pas une fin en soi. Attention, il ne s’agit pas d’un roman sentimental pour autant. La relation est à la fois plus simple et plus complexe qu’une histoire d’amour. Ici, on parle d’estime, d’admiration, de respect et d’amitié tout simplement.
L’écriture est à l’image de l’histoire, sobre et émouvante. On a l’impression qu’il n’y a pas un mot de trop.
Le monde est également esquissé juste ce qu’il y a besoin pour l’histoire. Donc pour les personnes qui ne seraient pas trop fans d’univers fantasy ou fantastiques, c’est parfait. Vous ne serez pas jetées dans un univers surpeuplés de races et créatures imaginaires.
Ma seule déception est que l’auteure n’ai jamais écrit d’autres livres dans ce même univers (contrairement à ce que le sous-titre laissait supposer).. Mais c’est sans doute mieux comme ça.
Une petite bulle littéraire que l’on a du mal à quitter une fois la dernière page tournée..
Âmes non sensibles, s’abstenir.

L'extrait

"L'histoire du Maudit, petite, est aussi celle d'une amitié. Et l'amitié met longtemps à naître. elle pose des jalons et prend des repères avant de se risquer. C'est qu'elle va très profond, vois-tu, et peut mettre une âme en danger aussi bien que l'amour. Aucune amitié ne sera plus grande et plus claire, dans toute l'histoire de Systèle, que celle du Maudit et d'Emmanuel de Louvars. Mais ils ne le savent pas encore, ce soir-là.
Emmanuel additionne les chiffres d'une colonne. Le Maudit regarde la mer jouer sous la lune avec ses vagues. Il pense à Florimond de Belques et serre les dents pour ne pas pleurer. La pièce est sombre et silencieuse. Etrange soir, où se tissent beaucoup des fils du destin."